Un jour heureux, j’ai rencontré par hasard le théâtre, un jour particulier j’ai été émerveillé, marqué à vie par une histoire, des acteurs en jeu, ces étranges étrangers qui semblaient éveiller en moi quelque chose d’intime, de fondamental.

Ce premier jour-là, comme une main tendue, une porte entrouverte, l’avenir du théâtre m’appartenait, à moi qui n’y étais jamais allé, à moi le spectateur de la dernière heure, l’acteur de la première heure, l’amateur, l’autodidacte, le révélé. Je ne comprenais pas tout mais je ressentais beaucoup. L’art est une relation. Nous attendons chaque jour Godot.

Notre travail est de rendre sa venue possible.
Rencontrer l’autre (qui n’est qu’un détour vers soi), donner rendez-vous à celui qui n’existe pas encore, voilà notre travail. Artistes associés au Centre culturel de La Ricamarie, nous avons, entre autres, créé L’Infâme (commande d’écriture à l’auteur Simon Grangeat, et l'avons jouée dans les salles de classes de collèges et lycées). Après chaque représentation, nous sommes surpris et émus lorsque nous constatons qu'environ un tiers de l’assemblée n’est jamais allé au théâtre...

L’avant-garde théâtrale n’est pas seulement de trouver de nouvelles formes mais de trouver de nouveaux spectateurs.